Résumé
L’intelligence artificielle (IA) s’implante plus rapidement dans le secteur canadien des technologies de l’information et des communications (TIC) que dans d’autres secteurs. Les professions des TIC seront parmi les premières à être transformées par l’automatisation, ce qui influencera la manière dont les étudiants en TIC envisagent leur parcours professionnel et développent leurs compétences.
Les travailleurs des TIC indiquent utiliser des outils d’IA pour accomplir et automatiser une grande variété de tâches, notamment la rédaction de documents et de courriels, l’écriture de code, l’analyse de données, le débogage et la recherche d’assistance. En « mode accélération », l’IA leur permet d’exécuter plus rapidement des tâches familières. En « mode exploration », ils acquièrent de nouvelles compétences ou découvrent d’autres méthodes pour résoudre un problème. Certains employeurs revoient l’organisation du travail à la suite de l’automatisation de certaines tâches.
Les professionnels des TIC constatent que les outils d’IA offrent des avantages, tels qu’une efficacité et une productivité accrues, un apprentissage accéléré et une diminution des coûts en ressources humaines. Pourtant, la plupart des organisations peinent encore à quantifier le retour sur investissement (ROI) des outils d’IA ou se contentent d’indicateurs qu’elles savent incomplets. Certaines organisations constatent à la fois des impacts négatifs et positifs de l’IA, tels que des préoccupations liées à la vie privée et à la sécurité, et observent des résultats mitigés concernant la qualité du travail.
Les politiques et formations sur l’IA offertes par les employeurs constituent une lacune importante dans l’adoption de ces technologies. Selon un sondage du CTIC mené auprès des travailleurs technologiques, 77 % des répondants ont indiqué être autorisés à utiliser des outils d’IA pour développer des produits et services technologiques. Cependant, toutes les organisations ne disposent pas de politiques encadrant l’usage de ces outils, ce qui complique la gestion du changement et pose des risques en matière de confidentialité, de sécurité et de qualité. Seuls 37 % des travailleurs des TIC sondés ont affirmé que leur organisation offrait une formation sur l’utilisation des outils d’IA. Pourtant, pour 34 % des entreprises interrogées, les « compétences limitées du personnel » sont le principal frein à l’adoption de l’IA.
Dans le monde entier, y compris au Canada, des employeurs déclarent avoir réduit leurs effectifs en raison de l’automatisation par l’IA. Les changements en ce qui concerne les tâches sont plus manifestes. Un tiers des répondants à l’enquête du secteur des TIC (31 %) ont déclaré que l’IA avait automatisé une tâche qu’ils avaient l’habitude d’effectuer.
Les projections anticipent une forte exposition des professions des TIC à l’automatisation. Toutefois, elles négligent les coûts associés à l’adoption de l’IA pour remplacer le travail humain, notamment les externalités onéreuses liées aux risques de sécurité.
L’analyse du CTIC montre que de nombreuses tâches répétitives et peu complexes dans les rôles liés aux données, à la programmation, aux technologies de l’information (TI) et au soutien technique sont automatisées à titre expérimental. Ces tâches sont souvent effectuées par des travailleurs débutants. Les premiers indicateurs du marché du travail pour les rôles liés aux données révèlent une évolution de la demande vers des postes supérieurs axés sur des tâches complexes et des responsabilités de supervision. L’analyse du marché du travail met également en évidence une forte demande pour les rôles de développement dorsal ou full-stack, tandis que la demande pour les professions frontales, comme la conception de sites web, diminue. Les spécialistes du développement logiciel et de l’ingénierie indiquent assumer davantage de tâches frontales et de responsabilités à l’aide de l’IA. Enfin, bien que la demande demeure forte pour les experts en cybersécurité, les spécialistes de l’expérience utilisateur et les gestionnaires en TI, chaque domaine tend à privilégier des candidats plus expérimentés.
Même si l’IA transforme les emplois et les responsabilités, les employeurs insistent sur l’importance pour les étudiants d’acquérir des compétences fondamentales, d’apprendre à utiliser les outils d’IA avec discernement et de maîtriser à la fois des compétences relationnelles et une capacité d’adaptation aux technologies.
Rapport
Pour citer ce rapport :
Mairead Matthews et Faun Rice. « L’automatisation et l’avenir des carrières technologiques au Canada : ce que les étudiants doivent savoir ». Conseil des technologies de l’information et des communications (CTIC), 2024. Ottawa, Canada. Les auteurs sont classés par ordre alphabétique.