Résumé  

Le fait de réduire les obstacles à l'entrepreneuriat et d’augmenter le nombre d'entrepreneurs canadiens peut être bénéfique à l'économie canadienne. Les entrepreneurs stimulent la création d’emplois, l’innovation et la croissance économique, et peuvent jouer un rôle crucial dans la promotion du développement social et de la durabilité. Les petites et moyennes entreprises représentent la quasi-totalité de celles qui emploient au Canada, et dont une grande proportion de la main-d'œuvre est issue du secteur privé.

Outre leur contribution au PIB, l'impact que les femmes entrepreneures peuvent avoir sur les résultats sociaux et environnementaux, tels que les objectifs de développement durable des Nations unies ou les objectifs de carboneutralité du Canada, est de plus en plus reconnu; les femmes entrepreneures étant plus susceptibles de donner la priorité aux initiatives de durabilité. Le soutien à l'entrepreneuriat féminin dans les initiatives numériques et axées sur le développement durable pourrait avoir des retombées importantes pour l'économie et la société canadiennes.

Bien qu'elles constituent près de la moitié de la main-d'œuvre canadienne, les femmes sont sous-représentées dans l'entrepreneuriat canadien. Et bien que le nombre d'entreprises appartenant à des femmes ait augmenté ces dernières années, il subsiste un écart persistant entre les genres en matière de propriété d'entreprise au Canada. L'écart entre les hommes et les femmes dans le domaine de l'entrepreneuriat au Canada a des conséquences socio-économiques. Permettre à un plus grand nombre de femmes de devenir cheffes d'entreprise pourrait entraîner des augmentations significatives du PIB canadien, rendant les femmes entrepreneures essentielles au développement économique du Canada.

Les obstacles courants à l’entrepreneuriat pour les femmes proviennent de stéréotypes de genre, de préjugés et d’attentes sociétales omniprésents. L’entrepreneuriat est souvent perçu comme un domaine réservé aux hommes et, de ce fait, les femmes entrepreneures subissent souvent des pressions afin de supprimer tout trait féminin ou de se conformer aux normes masculines afin de réussir. Les femmes ont également tendance à avoir moins d’opportunités de réseautage avec d’autres entrepreneurs du même sexe, et sont plus susceptibles que les hommes de rencontrer des difficultés liées à l’équilibre entre vie professionelle et vie privée. Pour les femmes de couleur, la discrimination raciale est également endémique.

L'accès limité aux capitaux constitue un obstacle important pour les femmes entrepreneures. En raison des préjugés sexistes, les femmes se heurtent souvent à un plus grand scepticisme de la part des investisseurs que les hommes, et ont tendance à bénéficier de prêts bancaires plus modestes. Les femmes entrepreneures souffrent également souvent d’un manque de confiance en elles et du syndrome de l'imposteur, et ont tendance à sous-évaluer la qualité de leurs propres compétences, produits et services, en particulier dans les secteurs dominés par les hommes. Ces tendances peuvent avoir un impact significatif sur les décisions commerciales et les interactions avec les parties prenantes de l'entreprise, telles que les investisseurs et les clients.

Bien qu’il existe de nombreux programmes de soutien destinés aux femmes entrepreneures, ils ont tendance à se concentrer sur le mentorat et ne parviennent souvent pas à répondre aux besoins financiers des femmes entrepreneures. De nombreuses femmes cheffes d’entreprise déclarent se sentir trop encadrées mais sous-financées. Les programmes manquent souvent d’un soutien financier substantiel et n’aident pas suffisamment les femmes entrepreneures à développer leur entreprise. Les programmes qui offrent un soutien financier peuvent imposer des critères d'éligibilité restrictifs.

Ces défis à plusieurs niveaux créent des obstacles considérables pour les femmes entrepreneures, entravant leur croissance et leur réussite. Les obstacles sont encore plus importants pour les femmes issues de groupes méritant l’équité, comme les femmes entrepreneures noires, qui sont confrontées à des préjugés sexistes et raciaux existant dans l’ensemble de l’écosystème entrepreneurial.

Le soutien aux femmes entrepreneures doit tenir compte non seulement du genre, mais également d’autres formes d’identité, telles que la race, l’origine ethnique, l’orientation sexuelle et le handicap. Les identités intersectionnelles façonnent les expériences des femmes entrepreneures et peuvent aggraver les difficultés liées au démarrage et au développement de leurs entreprises. Par exemple, les femmes entrepreneures noires peuvent être confrontées à une discrimination fondée sur la race en plus d’autres obstacles généralement rencontrés par les femmes entrepreneures. L’adoption d’une approche intersectionnelle est cruciale pour (a) comprendre et relever les défis et obstacles uniques auxquels les femmes entrepreneures sont confrontées, et (b) créer des opportunités pour les femmes issues de groupes méritant l’équité. 

Ce rapport détaille six stratégies qui peuvent être utilisées afin de stimuler la participation des femmes à l’entrepreneuriat, et pour créer un paysage entrepreneurial plus diversifié et inclusif : 

  1. Améliorer l'accès aux capitaux grâce à des mécanismes de financement alternatifs, des incitations fiscales pour les entreprises dirigées par des femmes et une présence accrue des investisseurs providentiels dans les espaces entrepreneuriaux axés sur les femmes.
  2. Veiller à ce que les programmes de soutien soient ciblés et flexibles, et qu'ils tiennent compte des obstacles intersectionnels.
  3. Favoriser les opportunités de réseautage et de mentorat spécifiquement destinées aux femmes.
  4. Combattre les stéréotypes de genre par le biais de campagnes éducatives et médiatiques.
  5. Aider les femmes à acquérir des compétences commerciales essentielles, telles que la culture numérique, le marketing, la vente et la gestion financière.
  6. Répondre aux besoins en matière de garde d'enfants en mettant en place un congé de maternité pour les entrepreneures et en subventionnant les garderies. 

Ce rapport souligne également les priorités liées à la formation professionnelle des femmes entrepreneures, telles qu' identifiées par les personnes interrogées. Les priorités clés des personnes interrogées dans chacune des catégories comprenaient l'utilisation des outils numériques, le développement des compétences en marketing, le développement des compétences administratives générales, et le maintien de la santé mentale et de l'équilibre entre la vie professionnelle et la vie privée. 
 

Rapport

 

Pour citer ce rapport : 

Maryna Ivus et Olena Podolna. Briser les barrières et construire l'avenir : les femmes entrepreneures comme catalyseurs d’une croissance durable. Conseil des technologies de l'information et des communications (CTIC). Octobre 2024. Ottawa, Canada.