En 2023, quatre millions de Canadiens n’avaient pas accès à un prestataire ou lieu de soins de première ligne, et les Canadiens attendent plus longtemps qu’avant la pandémie pour des interventions chirurgicales.
Ce défi est en partie lié à la pénurie de main-d’œuvre. Si le nombre de travailleurs de la santé pour 1 000 Canadiens est resté stable au cours de la dernière décennie, près d’un tiers des médecins de famille offrent désormais d’autres services comme la médecine d’urgence et la psychiatrie, ce qui réduit le nombre de prestataires de soins primaires. De surcroît, le vieillissement de la population canadienne intensifie la demande de personnel soignant.
Le Canada a fait des investissements importants pour résoudre ce problème : par exemple, le budget de 2024 fait état de 25 milliards de dollars en ententes avec les provinces et les territoires pour investir dans des soins de santé publics universels plus solides, principalement par le biais de deux mesures : faire croître le bassin de professionnels de la santé du Canada; et investir dans l’infrastructure de santé numérique, comme les dossiers de santé électroniques, les services de recommandation en ligne et les outils de soins virtuels.
La technologie numérique dans le domaine de la santé peut aider à combler les lacunes en matière d’accès et faciliter la prestation de soins de qualité en temps opportun. La proportion de travailleurs de la santé dans les zones rurales et isolées étant en baisse, les médecins ont de plus en plus recours (lien en anglais) à la télésanté. Les outils numériques tels que les dossiers de santé électroniques et les recommandations électroniques favorisent la continuité des soins, rendent les données de santé accessibles aux patients, facilitent les soins préventifs, permettent des analyses au niveau de la population et réduisent les temps d’attente des patients (lien en anglais).
Cependant, dans sa récente recherche (lien en anglais) sur la santé numérique en Alberta, le Conseil des technologies de l’information et des communications (CTIC) a constaté que de nombreux professionnels de la santé sont d’avis que leurs diplômes ne les ont pas préparés aux outils de santé numérique, et qu’il ne sera pas facile d’intégrer cette formation dans leur vie professionnelle déjà bien remplie. La recherche a également révélé un faible recours aux outils tels que les dossiers de santé électronique (DSE) Connect Care des services de santé de l’Alberta. Ainsi, seuls 38 % des étudiants de niveau avancé (lien en anglais) des programmes de soins infirmiers de l’Alberta ont rapporté avoir reçu une formation sur les DSE.
Le récent rapport du CTIC, From Concept to Care: Health Technology Talent in Alberta, met en évidence des domaines essentiels pour le développement des compétences en santé numérique, notamment la gestion de l’information sur la santé, l’analyse des données et les compétences numériques fondamentales. Associée à une excellente conception du système de santé numérique, la formation améliorera bien plus que la capacité des travailleurs de la santé à employer les outils numériques; elle soutiendra également les autorités sanitaires canadiennes dans l’utilisation de la technologie de la santé à son plein potentiel.
Faun Rice est gestionnaire de la recherche et de l’évaluation au Conseil des technologies de l’information et des communications (CTIC) et co-autrice du récent rapport From Concept to Care: Health Technology Talent in Alberta.