Par Marc Lijour 

Enfin, le monde s’est remis en mouvement, et les grandes conférences sont de retour en ville! Le monde afflue à Toronto pour participer à la Canada Crypto Week qui a débuté ce lundi 8 août 2022.  

Pour marquer l’événement, j’ai partagé d’importantes perspectives de recherche du CTIC tout en mettant en lumière nos programmes créatifs qui répondent à certains des défis les plus pressants dans le domaine de la crypto/Web3 - par exemple, comment attirer des talents divers dans ce secteur en plein essor.  

Vous pouvez me trouver à la Conférence Blockchain Futurist cette semaine! 

Bienvenue au Canada! 

Pour celles et ceux qui viennent d’atterrir à Toronto, peu importe d’où vous venez, il y a de fortes chances que nous discutions des mêmes sujets brûlants que ceux dont vous avez entendu parler chez vous. L’inflation est endémique, en particulier les prix de la nourriture, de l’essence et du loyer, ce qui laisse très peu de place aux dépenses discrétionnaires.  

Notre banque centrale, la Banque du Canada, a réagi de manière ferme avec une hausse des taux de 2,25 % au cours des quatre derniers mois (dont une hausse complète de 1 % - 100 points de base - il y a quelques semaines). Alors que la ministre des Finances du Canada vise un atterrissage en douceur, la croissance de notre PIB ralentit également (en anglais), mais nous sommes toujours en voie d’atteindre une croissance de 4,5 % d’ici la fin de l’année.  

Actuellement, le marché du travail est en pleine effervescence. Le taux de chômage est de 4,9 % (en anglais), le plus bas depuis 1970. Les salaires ont augmenté de plus de 5 % d’une année à l’autre. Les employeuses et employeurs cherchent des moyens toujours plus créatifs d’attirer et de retenir les employés, et le programme ATEN du CTIC, financé par le gouvernement de l’Alberta, les aide en leur fournissant des conseils et des pratiques exemplaires en matière de recrutement et de rétention. 

L’économie numérique du Canada est en plein boum. Le pays est bien placé pour attirer l’investissement direct étranger. L’emploi dans le secteur de la technologie a maintenant dépassé les niveaux d’avant la pandémie, selon une recherche du CTIC. L’économie numérique représente 11 % de tous les emplois au Canada, comparativement à 9,5 % avant la pandémie. En fait, le Canada est un centre de gravité pour les jeunes entreprises et l’expansion des entreprises, étant donné sa main-d’œuvre instruite, son excellente qualité de vie et son accès aux États-Unis et aux marchés mondiaux.  

De plus, Toronto se classe parmi les meilleurs endroits où vivre dans le monde (en anglais), Calgary et Vancouver figurant également dans les listes récentes des 10 meilleures villes de Forbes. 

Diversité et inclusion  

Une partie de ce qui fait des municipalités canadiennes comme Toronto des endroits où il fait bon travailler et créer des entreprises est leur flair multiculturel. Toronto compte plus de 250 ethnies et 170 langues (en anglais), la moitié de la population s’identifiant comme une minorité visible.  

L’anglais est majoritairement parlé à Toronto, mais les services gouvernementaux en français sont également garantis par la législation dans la ville et dans le reste de l’Ontario. Après tout, les francophones ont été les premiers colons d’Europe occidentale à s’installer en Ontario, il y a plus de 400 ans. Depuis lors, de nombreuses autres cultures ont convergé vers Toronto (qui signifie littéralement « lieu de rencontre » dans la langue autochtone huronne-wendat). Aujourd’hui, Toronto est un festival de cultures du monde, qui partagent et contribuent fièrement à cette ville vivante, y compris, bien sûr, les cultures des Premières Nations, des Métis et des Inuits (en anglais). 

Et pourtant, le secteur de la technologie ne reflète pas cette diversité à ce jour. Moins de 5 % des entrepreneuses et entrepreneurs de crypto sont des femmes, et les hommes sont deux fois plus susceptibles que les femmes d’investir dans la crypto. De nombreux ouvrages universitaires montrent qu’une main-d’œuvre diversifiée dans les entreprises est bonne pour les affaires et la rentabilité. Comme de plus en plus d’entreprises technologiques le comprennent et que notre société évolue, il n’y a jamais eu de meilleur moment pour que les femmes et les personnes issues de groupes marginalisés entrent dans le domaine de la technologie.  

Les carrières dans le domaine de la technologie offrent de la flexibilité et un avenir solide, avec de bons salaires, des projets ayant un impact, une qualité de vie (nomadisme numérique, avantages liés à l’embauche, etc.), et la perspective de travailler dans le Web3 pour construire l’infrastructure du 21e siècle. Il existe encore des obstacles pour les femmes et d’autres groupes sous-représentés, mais de nouvelles solutions et de meilleures pratiques émergent, comme l’indique la recherche du CTIC. Mon équipe, par exemple, gère deux programmes visant à faire progresser la carrière des femmes dans le secteur des technologies. 

Finance décentralisée 

L’un des sujets qui me passionnent est l’essor des solutions innovantes qui étendent et améliorent les services financiers, ce qui a donné naissance à l’espace Fintech (technologie financière). Alors que l’innovation dans ce domaine est encore essentiellement itérative et lente, la finance décentralisée (FiDé) bouleverse le paradigme actuel. 

En partant du principe que les banques et le secteur financier traditionnel sont devenus obsolètes depuis l’introduction des technologies de la chaîne de blocs, FiDé se définit en opposition aux services financiers traditionnels (FiCe), qui sont centralisés par conception. FiDé s’appuie sur les technologies de la chaîne de blocs pour résoudre cinq problèmes clés de la FiCe, identifiés par Harvey, Ramchandran et Santoro (2021) [en anglais]. 

  • Contrôle centralisé : la FiCe s’apparente à un pré carré, où il est difficile de passer d’une institution à une autre, et où seules quelques actrices et seuls quelques acteurs représentent une grande partie du système financier. 
  • Accès limité : 1,7 milliard de personnes ne sont toujours pas bancarisées, tandis que de nombreux services sont encore trop coûteux pour fonctionner avec la technologie financière existante, ce qui laisse de côté certaines clientes potentielles et certains clients potentiels dans le besoin (principalement les petites entreprises et les entrepreneuses et entrepreneurs). 
  • Inefficacité : les systèmes actuels ne sont pas conçus pour fonctionner avec les cas d’utilisation modernes, notamment les villes intelligentes, l’agriculture intelligente et la fabrication intelligente, qui pourraient bénéficier des microtransactions. 
  • Manque d’interopérabilité : en raison d’une conception qui perdure depuis les premiers jours des ordinateurs (centraux), les opérations bancaires sont priorisées par rapport au service à la clientèle. Les clientes et clients doivent faire face à une multitude de services différents provenant de différentes fournisseuses et différents fournisseurs. Or, la clientèle attend de leurs banques qu’elles lui facilitent la vie. 
  • L’opacité : nous ne savons pas grand-chose de la santé financière de nos propres banques, malgré le paradigme too big to fail (trop grande pour faire faillite) né il y a plus de dix ans. Bien que cela ne soit pas un problème majeur au Canada, où les banques ont résisté à la crise de 2008, d’autres parties du monde (par exemple, l’Europe) peuvent avoir des raisons de s’inquiéter. 

Bien que certaines et certains puristes de la crypto / chaîne de blocs / Web3 entretiennent volontiers la vision d’un monde sans banques ou autres institutions FiCe, les institutions traditionnelles peuvent jouer un rôle précieux en se repositionnant stratégiquement. En s’appuyant sur leurs forces, en laissant les activités à faible marge à des actrices et acteurs plus efficaces et en incorporant des services innovants à valeur ajoutée, elles peuvent améliorer considérablement leur avantage concurrentiel.  

Au fur et à mesure que le secteur financier gagne en maturité, les nouvelles approches et les innovations technologiques ne manqueront pas de modifier la façon dont l’argent circule dans notre société. 

À propos de Marc Lijour 

Marc Lijour fait partie de l’équipe centrale de FiDé Toronto (en anglais), dirige le chapitre Blockchain de l’IEEE (en anglais), et il est professeur à temps partiel au George Brown College où il a lancé le premier certificat d’études supérieures d’une année pour le développement de la chaîne de blocs (en anglais). Pendant la journée, Marc est le vice-président du CTIC, responsable du développement des capacités et de l’innovation. Marc a commencé sa carrière en enseignant au secondaire dans plusieurs pays avant de rejoindre le ministère de l’Éducation de l’Ontario pour diriger la révision du curriculum de l’éducation technologique et d’autres initiatives clés. Il a ensuite rejoint Cisco, puis ConsenSys pour accélérer l’innovation technologique dans les secteurs privé et public. 

À propos du CTIC 

Le Conseil des technologies de l’information et des communications (CTIC) est un centre d’expertise national à but non lucratif dont la mission consiste à renforcer l’avantage numérique du Canada dans l’économie mondiale. Grâce à des recherches fiables, à des conseils stratégiques pratiques et à des programmes créatifs de développement des capacités, le CTIC favorise les industries canadiennes qui, grâce à des talents numériques innovants et diversifiés, sont compétitives sur le plan international. En partenariat avec un vaste réseau de dirigeantes et dirigeants dans le secteur industriel, de partenaires universitaires et de décideuses et décideurs politiques à travers le Canada, le CTIC contribue à façonner une économie numérique solide et intégrée depuis 30 ans.